
Un mot d'explication
Après l’obtention de mon diplôme d’ingénieur civil architecte à l’Université catholique de Louvain (1999), j’ai collaboré avec plusieurs architectes en Belgique et en France sur la conception et le dimensionnement de structures. Cette pratique m’a permis d’acquérir une maîtrise solide des techniques constructives actuelles et de leurs conditions de mise en œuvre. Au fil des études de bâtiments historiques, un intérêt profond pour le patrimoine s’est imposé. Il m’a conduit à développer une approche spécifique à ce domaine, ainsi qu’une méthodologie de travail à la fois adaptée et rigoureuse. Si les matériaux traditionnels (mortiers de chaux, maçonneries anciennes, charpentes historiques) présentent, en apparence, des performances inférieures à certains matériaux contemporains (mortiers de ciment, bétons, aciers industriels), les édifices anciens témoignent pourtant d’une robustesse remarquable. Comprendre les raisons de cette durabilité, et les principes de conception mis en œuvre par les bâtisseurs, est essentiel pour intervenir avec pertinence, mesure et respect. Dans le cadre de missions de conservation et de valorisation du patrimoine, j’ai notamment eu l’opportunité de contribuer à la stabilisation du cœur gothique de l’église Saint-Jacques à Tournai (patrimoine exceptionnel de Wallonie), de modéliser des charpentes médiévales de la cathédrale Notre-Dame de Tournai (patrimoine mondial de l’UNESCO) et de participer à la conception d’une intervention d’« anastylose » des arcades de la pharmacie de l’abbaye de Villers-la-Ville (patrimoine exceptionnel de Wallonie). L’observation attentive des désordres, la lecture critique des avis d’experts, ainsi que les échanges avec les compagnons et entreprises spécialisées ont nourri une expérience très concrète. Le travail en bureau d’étude peut, en effet, être éloigné des réalités de chantier, et cette distance devient particulièrement sensible en restauration historique. Les modèles statiques usuels se révèlent parfois insuffisants pour décrire le comportement de matériaux anciens, et la diversité des savoir-faire accroît l’écart entre théorie et pratique. Cette confrontation régulière entre calcul, diagnostic et réalité constructive m’a permis d’affiner une démarche d’analyse pragmatique : partir du bâtiment, de ses matériaux, de sa mise en œuvre et de son histoire, afin d’établir des diagnostics précis et d’élaborer des solutions de stabilisation proportionnées, compatibles avec les pathologies du gros œuvre liées aux matériaux traditionnels.

Missions
Bureau d’étude des structures des bâtiments anciens et classés
Etat sanitaire
Diagnostic et analyse de la situation existante
Cette analyse préliminaire de la structure existante permet d’identifier les principaux éléments de gros œuvre ainsi que les désordres visibles. Elle met en évidence les spécificités du bâtiment et permet d'évaluer ses points forts et ses vulnérabilités. La compréhension de l’état actuel est souvent approfondie par des sondages, parfois réalisés en cours de chantier, afin de mieux caractériser les matériaux en place, d’en mesurer l’épaisseur et de saisir la dynamique structurelle globale. L’objectif de cette évaluation est de proposer des pistes d’intervention adaptées. Dans certains cas, des études supplémentaires sont nécessaires pour compléter le diagnostic, notamment un relevé géomètre, une étude géotechnique du sol, ainsi qu’un contrôle parasitaire visant à détecter la présence de champignons ou d'insectes xylophages.
Etude de projet
Calcul statique, dessin technique et prescription
Lors d'une étude structurelle, mon rôle consiste à aborder les aspects techniques et à proposer un accompagnement tout au long de la réalisation des travaux. Ce processus se déroule en plusieurs étapes distinctes. La première, appelée avant-projet, vise à définir les principes constructifs adaptés à la structure existante et à identifier les éléments ayant un impact financier ou spatial. Dans cette phase, la recherche de solutions constructives simples est privilégiée afin d'assurer une exécution fluide des travaux. À l’issue de cette étape, les décisions concernant les moyens techniques et matériels sont prises en concertation avec les acteurs du patrimoine lors de la première réunion de coordination. Vient ensuite l’étude du dossier technique. À ce stade, j’applique les principes définis à l’ensemble du projet et vérifie le dimensionnement de chaque élément structurel, en maîtrisant les détails, en rationnalisant et en optimisant la structure. Cette phase inclut également la rédaction des documents d’adjudication, qui complètent les dessins techniques par des prescriptions et des quantités. Ces documents sont présentés lors de la deuxième réunion de patrimoine, marquant ainsi une nouvelle étape décisive dans le projet.
Suivi de chantier
Ce service inclut le suivi nécessaire à la bonne exécution du bâtiment. Cela comprend la participation aux réunions et visites de chantier afin de traiter les questions spécifiques à la stabilité de la structure, ainsi que l’adaptation des plans et des calculs en réponse aux remarques techniques qui peuvent survenir lors de la mise en œuvre. De plus, il s’agit de prendre en compte les découvertes imprévues sur le chantier qui peuvent nécessiter des études complémentaires ou des ajustements dans la conception. Ce suivi garantit que les modifications sont correctement intégrées tout en maintenant la cohérence technique et la viabilité du projet. L'objectif est de s'assurer que chaque étape de la réalisation respecte les exigences de sécurité, de solidité et de qualité, tout en répondant aux contraintes spécifiques d’un chantier sur bâtiment historique.


